Portrait de Laetitia maman de 4 enfants : Malik (12 ans), Aloïs (10 ans), Moïra (8 ans et demi) et Amaël (4 ans)

Laetitia de s'instruire autrement pour Super Boîte à Lunch

J’ai fait la connaissance de Laetitia, professeur dans une école Montessori pour les 6-12 ans, par le hasard des rencontres. Mais c’est en découvrant son blog S’instruire autrement et sa vision de l’éducation que le lui ai proposé de participer à la rubrique Maman autour du monde de Super Boîte à Lunch.

1- Laetitia tu habites en France donc en théorie tu n’as pas été confrontée au casse-tête des boîtes à lunch (en France les écoles sont dotées de cantines scolaires obligatoires). Cependant comme tu as fait pendant plusieurs années l’école à la maison pour tes enfants finalement tu devais leur préparer leur repas. Avant de parler alimentation peux-tu juste nous expliquer ce qui t’a poussée à faire l’école à la maison ?

Tout a commencé avec une plaisanterie de Loïc, mon mari, lancée au repas de Noël chez mes beaux-parents, Malik avait alors quelques mois. « « Oh, pas besoin de se poser de questions, de toute façon, l’école, il n’y ira pas ! » L’accueil fut glaical mais la graine était plantée.

Avant que ne vienne « l’âge d’entrer à l’école », nous n’avons plus jamais évoqué la question. Alors quand mon fils aîné a eu deux ans et demi, on a commencé à se renseigner, et j’ai pris rendez-vous avec les directeurs de plusieurs écoles. Celle de notre quartier n’avait déjà plus de place pour lui, mais surtout la directrice, très gentille, m’a dit une phrase que je n’oublierai jamais :

« Si vous pouvez faire autrement, faites-le ! »

Elle m’a expliqué que 25 enfants de 3 ans dans une classe, c’est beaucoup et très fatigant pour les petits. Et que rentrer plus tard à l’école ne changerait pas grand chose… C’était épatant de la part d’une directrice, et ça a résonné en moi : elle avait tout à fait raison !

J’ai pris rendez-vous dans une autre école, et j’ai entendu à travers les portes des couloirs le maître hurler : « Taisez-vous ! Les mains sur la table ! Sortez vos cahiers ! » Là, je me suis dit : est-ce que c’est vraiment ce que je cherche pour mon fils à travers l’école ? Est-ce qu’on peut faire autrement ?

En prenant un peu de temps pour réfléchir avec mon mari, on a décidé de tenter l’Instruction en Famille. Nous avions trois motivations principales :

  • une question de groupe : l’école la plus proche ne pouvait pas l’accueillir, l’autre n’avait pas l’air très bienveillante… et à trois ans, il n’est pas urgent de vivre l’expérience du groupe ;
  • une question d’horaires : pour l’emmener et venir le chercher tous les jours, il aurait fallu que je réveille sa petite sœur d’un an et demi (dur !) et aussi sa deuxième petite sœur qui venait de naître !!! Là, cette perspective était inenvisageable pour moi, mon mari travaillant loin de la maison à cette époque, et avec des horaires incompatibles avec ceux de l’école.
  • une question de métier : mon mari ayant un travail indépendant, et moi aussi (j’étais artiste), nous pouvions tous les deux nous arranger pour moduler nos horaires comme nous le souhaitions. Je pouvais donc aller à mon atelier deux après-midi par semaine, ce qui était suffisant pour moi, mais y rester travailler jusqu’à 19h ou 20 h sans devoir couper mon après-midi en allant chercher des enfants à l’école !

Pour répondre à la première partie de ta question, en théorie il n’y a pas de système de boîtes à lunch en France. Mais je suis actuellement confrontée à ce problème, car depuis deux ans je suis devenue éducatrice Montessori dans une petite école qui n’a pas de cantine. Ce sont les parents qui fournissent à chaque enfant sa boîte avec son repas.

Alors chaque jour, je me retrouve à cuisiner pour moi et trois de mes enfants qui vont aussi à l’école avec moi : 4 repas à préparer le matin pour qu’ils restent chauds à midi ! (Heureusement, l’an prochain ils reprennent l’Instruction en Famille!)

2- Alors que prépares-tu pour les repas quotidiens de tes enfants ?

Pour la cuisine, nous sommes plutôt sur un mode végétarien, qui est venu de lui-même. En fait, c’est en ayant nos enfants que nous avons commencé à faire attention à ce que nous achetions. Pas envie de leur faire découvrir les plats industriels, les petits pots tout faits ou le poulet élastique…

Nos plats sont généralement composés de féculents ou légumineuses, et de légumes. Riz avec légumes en ratatouille, par exemple. Ou bien lentilles-corail avec des cubes de comté qui fondent dedans, et salade verte. Lasagnes épinards-champignons, ou pois-chiches aux oignons et à la tomate…

Boîte à lunch de Laetitia

Et puis, c’est tout ! Nous avons très vite éliminé les desserts de notre alimentation, vers les 1 ans de mon fils aîné. Pourquoi cela ? C’est parti de plusieurs observations :

  • il a commencé à ne plus vouloir de son plat non pas parce qu’il n’avait plus faim mais parce qu’il savait qu’il y avait un dessert après. Nous ne voulions pas entrer dans le chantage « si tu ne finis pas ton assiette, tu n’auras pas de dessert ! » Nous avions envie que nos enfants apprennent à manger à leur faim, simplement, comme ils avaient été allaités à la demande.
  • Et nous-mêmes, lorsque nous n’avions plus faim, manger un dessert nous rouvrait l’appétit, et du coup un seul dessert était parfois trop peu.
  • En plus, question logistique, un dessert par personne et par repas, ça fait beaucoup en une semaine !
  • Et est-ce bon de manger sucré autant de fois dans la journée ?

Alors, nous avons décidé de faire sauter les desserts. On mange sucré au petit déjeuner et au goûter (oui, mon mari et moi on a toujours besoin d’un petit goûter ;), le déjeuner et le dîner sont salés. C’est simple et efficace, sans ambigüité !

Pour les boîtes à lunch, il n’y a jamais de restes chez nous (ou c’est vraiment rare…). Donc je cuis le matin un féculent, qui reste chaud, ou bien je réchauffe une légumineuse qu’on aurait cuit la veille. Et après mon petit déjeuner, je m’occupe des légumes à couper et à mettre dans les boîtes. Uniquement des légumes frais, crus, ou bien préparés et cuits la veille.

C’est plus simple quand les beaux jours arrivent : je fais facilement des salades composées ou du taboulé. L’hiver, les pâtes sont une valeur sûre, et les légumes passent bien quand ils sont gratinés !

Profitez-en pour découvrir la recette de Taboulé pour les enfants de Super Boîte à Lunch.

3- Quelle est ton organisation en cuisine? Avec 4 enfants et un mari si tu ne veux pas passer ta vie à faire les courses je pense que tu dois être assez organisée ?

On fait les courses au supermarché une fois tous les 6 mois ! C’est surtout pour des produits ménagers : éponges, serpillères, bassines…

Une fois par mois, nous faisons les courses de « réserve » au magasin bio : pâtes, riz, légumineuses, flocons d’avoine, purée de noisette…

Et enfin, nous faisons le marché une à deux fois par semaine, pour avoir légumes et fruits frais. Nous y prenons aussi le lait cru et le pain. Quand nous achetons de la viande, c’est aussi sur le marché : vendeur bio, ou artisan qui aime son métier si ce n’est pas bio…

L’Instruction en famille nous permet aussi cela : ne pas dépendre des horaires d’une école ou d’un travail, et avoir du temps pour s’occuper des légumes et faire participer les enfants à leur achat et à leur préparation !

Depuis que je travaille à l’école, j’ai quand même le temps de faire le marché le mercredi et le samedi ou le dimanche. Par contre, on habite tout près d’un supermarché, et beaucoup plus loin du magasin bio. Alors on se rabat sur le rayon bio du supermarché… qui est beaucoup moins fourni !

4- Pour toi qui est très axée sur le bien-être et la santé de tes enfants c’est quoi ‘bien manger’?

Bien manger, c’est déjà manger à sa faim, ni trop, ni pas assez. Ce que beaucoup de personnes ont oublié !

C’est aussi manger des produits sains si possible bio, ou du moins fruits et légumes frais.

C’est, malgré toutes nos attentions, savoir aussi se faire plaisir, et faire des repas de fête régulièrement ! Les repas de fête sont plus là pour nourrir la convivialité et la bonne humeur, plus que pour nous nourrir physiquement (cela ne nous empêche pas d’avoir des repas conviviaux le reste du temps !). Chez nous, c’est un repas où il y a de la viande ou du poisson, ou bien où on va mettre beaucoup de fromage, ou encore où il y aura un dessert… Nous avons en moyenne (mais ça n’est pas calculé!) un repas de fête par semaine !

5- Que fais-tu quand l’un de tes enfants refuse de manger son repas ?

Les enfants sont habitués à ce qu’il n’y ait qu’un plat à manger. Du coup pas de « caprices » pour avoir directement du dessert.

Ceci correspond exactement à l’approche que préconise Marie-Claire Thareau-Dupire dans son livre Mon enfant mange de tout.

Par contre, il arrive qu’il y ait des choses qu’ils n’aiment pas. Surtout avec 4 enfants, les goûts peuvent être très différents…

Je m’arrange toujours pour ne pas mélanger les ingrédients visés. Les olives et le fromage de chèvre sont toujours à part, ou bien je laisse une partie sans. On sait que les sardines, les maquereaux, la sauce soja ne doivent pas être mélangés. A part ça…

Globalement, mes enfants ne sont pas « difficiles », et mangent un peu de tout. Sauf une ! Une de mes filles par exemple ne mange pas du tout de petits pois ou de pois cassés. Or moi, j’en raffole ! Je fais donc en sorte qu’il y ait un petit quelque chose à manger à côté, ne serait-ce que du pain qu’elle peut accomoder avec des légumes ou du fromage. Et si je fais un plat qu’elle n’aime pas un jour, on prévoit ensemble quelque chose qu’elle aime spécialement pour un autre jour !

Et puis, sinon… elle se rattrape au goûter !

6- Penses-tu qu’à l’école on apprend suffisamment bien aux enfants l’importance de l’alimentation ? As-tu sensibilisé tes enfants à l’importance de « bien » manger et comment t’y es-tu prise ?

A l’école, on m’avait appris « l’équilibre alimentaire » classique. C’était intéressant, mais aujourd’hui je ne mange pas du tout de cette façon, et ce n’est pas ce que je transmets à mes enfants !

De mon côté, dès le plus jeune âge, je leur ai transmis le vrai goût des choses. Des vrais épinards, qui viennent du marché, et que l’on a cuisiné nous-mêmes… On n’achetait jamais de boîtes de conserve, de surgelés ou de plats tout prêts !

Du coup, ils ont développé ce goût de façon impressionnante. Une fois, je n’avais pas à manger et j’ai acheté un plat tout prêt de hachis parmentier. Mes enfants n’ont pas du tout aimé, ils n’ont reconnu ni le goût de la pomme de terre ni celui de la viande !

Et je suis sûre que même quand ils seront ados ou étudiants, ils se rendront compte assez vite quand ils feront des excès de chips et de pizzas, qu’une bonne salade leur ferait du bien 😉

Pour ce qui est de « bien manger », je leur ai expliqué pourquoi nous avions choisi qu’il n’y ait pas de dessert, et ils l’ont bien compris. Et ils sortent généralement de table avant le dessert lorsqu’on mange chez les grands-parents !

7- Pour toi qui es une professionnelle de l’enseignement aurais-tu un conseil à prodiguer aux parents qui souhaitent donner les bons repères alimentaires à leurs enfants dès leur plus jeune âge ? 

Mon principal conseil serait : faites ce que vous dites.

Beaucoup de parents, d’adultes en général donnent des conseils et des repères aux enfants, mais ne les appliquent pas eux-mêmes.

Dire à ses enfants « les chips, c’est mauvais pour la santé » et en manger tous les samedis devant le match, ce n’est pas très cohérent !

Les enfants sentent cette incohérence, ils voient ce que nous croyons leur cacher… alors soyons vrais !

Et si les parents font n’importe quoi, alors pourquoi les enfants ne le feraient pas ?

Il vaut mieux dire à son enfant : « Les chips, c’est très gras et très salé. En fait, c’est pas très nourrissant, mais j’aime ça et pour moi, c’est associé au plaisir de regarder le match. Alors, une fois par semaine, je m’autorise un repas de fête devant la télé. Le reste du temps, les chips restent dans le placard ! »

8- Avant de finir, peux-tu nous partager ta recette fétiche ?

LA recette qui m’a accompagnée depuis la naissance de mes enfants, c’est celle des cookies aux flocons d’avoine. Facile à faire, un délice, et diététiquement super !

Je l’ai découverte grâce à un livre qui m’a été offert à la naissance de mon premier enfant : «Recettes pour mamans au bord de la crise de nerfs »

A chaque fois qu’on est invités pour une après-midi, un goûter partagé, ou encore pour offrir à ma sœur qui vient d’accoucher, ces cookies font leur effet.

Voici la recette :

  • 1 œuf
  • 10 cl d’huile d’olive (ou 50g de beurre, ou une cuiller à soupe de purée d’amandes ou de purée de noisettes…)
  • 50g de farine
  • 125g de sucre
  • 175g de flocons d’avoine
  • et au choix, des pépites de chocolat (nous, on casse en petits bouts deux barres d’une tablette), des noisettes, des amandes, des raisins secs…

Mélangez le tout dans un saladier.

Sur une plaque avec papier cuisson, formez les cookies avec une cuiller (toutes les tailles sont possibles, à votre convenance)

Mettez à cuire 10 minutes à 180°C /350 F.

Les cookies de Laetitia pour Super Boîte à Lunch

Ces cookies restent généralement assez clairs, n’attendez pas qu’ils soient dorés, mais vérifiez juste qu’ils soient durs à l’extérieur.

9- Pour conclure : Laetitia cette semaine tu viens de lancer une formation sur une nouvelle méthode d’écriture. Peux-tu nous en dire un peu plus : qui vises-tu? quelles sont les avantages de cette méthode…

Oui, bien sûr ! C’est une méthode qui permet d’apprendre ou de ré-apprendre à écrire, sans papier ni stylo ! Elle concerne les enfants entre 4 et 12 ans, et surtout leurs parents qui vont pouvoir leur apprendre des mouvements qui aident à écrire.

J’ai rencontré avec un de mes enfants et avec pas mal d’élèves de l’école Montessori dans laquelle je travaille actuellement des difficultés d’écriture : main très crispée, enfant qui n’arrive pas à se concentrer, écriture saccadée ou même lettres tracées à l’envers… Certains enfants n’ont pas reçu les bonnes bases dans le système éducatif traditionnel, d’autres ont juste des difficultés dans leur corps pour arriver à une écriture simple et fluide.

J’ai cherché des solutions pour les aider, et à chaque fois c’était le même chose : écrire, encore et encore, copier, s’entraîner… Les enfants n’en avaient pas envie, rechignaient, et de toute façon reproduisaient les mêmes erreurs…

J’ai rencontré une thérapeute qui m’a parlé de Brain Gym, et l’Intégration Motrice Primordiale… Je ne connaissais pas, mais j’ai vu les progrès nets de mon fils après avoir testé ! Je me suis donc formée à ces techniques et tout cela m’a donné des clés pour les enfants qui n’avaient pas les bases dans leur corps. J’ai découvert aussi une méthode d’écriture formidable, simple et logique, que j’applique en plus de la pédagogie Montessori à l’école.

Aujourd’hui, avec le recul de mes diverses expériences, j’ai retenu ce qui fonctionne de façon quasi universelle, et j’ai fait une synthèse de ce qui marche le mieux pour le proposer aux enfants.

Cette méthode, « l’écriture en mouvement », est accessible à tous les parents soucieux d’aider leur enfant à écrire, qu’il ait des difficultés (dys- , TDA/H, …) …ou non !

Découvrez toute de suite la méthode de Laetitia « l’écriture en mouvement » !

Laetitia un grand merci d’avoir pris le temps de répondre à toutes mes questions. J’invite les lecteurs que cela intéresse à consulter ton blog S’instruire Autrement qui contient beaucoup d’informations hyper intéressantes sur des méthodes d’éducation alternatives et /ou complémentaires aux méthodes classiques…

 

Laetitia et ses enfants pour Super Boîte à Lunch

En conclusion j’espère vous avoir démontré une fois de plus grâce à Laetitia que l’alimentation fait partie intégrante de l’éducation que l’on doit donner à nos enfants. On leur apprend à bien écrire, il faut aussi leur apprendre à bien manger!

 

 

 

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