6 questions à Isabelle de Chateauvieux, facilitatrice qualifiée en Discipline Positive


Bonjour Isabelle, tout d’abord peux-tu te présenter rapidement.

Bonjour Lucile. Je suis donc Isabelle, à Montréal depuis 3 hivers. Je suis mariée et maman de 4 enfants: 1 garçon de 15 ans et 3 filles de 13, 11 et 7 ans. Nous sommes français mais les enfants n’ont vécu que 6 mois en France puisque nous avons beaucoup voyagé!


1)  Tout d’abord peux-tu nous expliquer rapidement ce qu’est-ce que la Discipline Positive?


La Discipline Positive (DP) est une démarche d’éducation fondée sur la Bienveillance et la Fermeté : c’est donc une méthode qui n’est ni permissive, ni punitive et qui permet de développer chez l’enfant l’autodiscipline, le sens des responsabilités, l’autonomie, le respect…

La DP a vu le jour aux états-Unis dans les années 80 avec 2 précurseurs: Alfred Adler et Rudolf Dreikurs (2 psychiatres autrichiens) dont les écrits ont été adapté pour les parents par Jane Nelsen et Lyn Lott à travers des ateliers pratiques pour les parents.

Livre sur la discipline positive présenté par Super Boîte à Lunch

2) Actuellement on parle beaucoup de « parentalité bienveillante », est-ce la même chose?


La Discipline peut s’inclure dans la parentalité positive mais ce qui la démarque souvent c’est l’importance de la fermeté, du cadre que les enfants ont à respecter.

La bienveillance est indissociable de la fermeté que l’on peut définir comme le respect des consignes, des règles qui vont permettre à l’enfant de se construire de façon sécurisée: tout n’est pas permis !  En DP on va poser des cadres en co-construction avec les enfants.

Alors que la fermeté permet le respect du monde de l’adulte, la Bienveillance c’est le respect du monde de l’enfant. A ne pas confondre avec gentillesse, l’écoute sans fin. En DP, la bienveillance c’est la connexion et le lien entre le parent et l’enfant. On va décoder les comportements de l’enfant, valider ses émotions et l’impliquer!

Un troisième mot est primordial : l’encouragement. Dreikurs, un des deux psychiatres disait : « L’encouragement est à l’enfant ce que l’eau est à la plante ». L’enfant a besoin au quotidien d’encouragements!  Pensez-y!


3) Comment appliques-tu la discipline positive au niveau des repas ? Par exemple un enfant de 6 ans qui refuserait systématiquement de manger des légumes?


Je ne peux pas proposer des recettes toutes faites car chaque enfant est différent mais aussi chaque parent et chaque famille. Nous sommes les parents que nous sommes et nous sommes de bons parents!

Cependant s’il vous paraît important que pour votre enfant mange des légumes (et ça l’est n’est ce pas? 😉 ), on va chercher la coopération de l’enfant.

Pour cela on a, bien sur, besoin de lui expliquer comme il est important de manger de tout, de manger équilibré et de manger des légumes. Ensuite on va réfléchir ensemble à des solutions (on implique l’enfant! Il se sent respecté, écouté) pour trouver comment manger des légumes! Parents ET enfants vont émettre des idées (n’hésitez pas à les noter!): vous verrez que les enfants trouvent souvent des solutions auxquelles on n’aurait jamais penser! Et vous allez surement trouver des solutions qui conviennent à chacun.

Ne pas perdre de vue que, en tant que parents, nous sommes porteurs de repères éducatifs et que si vous estimez que l’enfant doit goûter de tout, vous pouvez lui expliquer et le lui dire.

Une fois à table, devant son assiette de choux de Bruxelles et son refus éventuel de manger, rappelez-lui votre discussion, demandez-lui ce que vous aviez décidé (ne lui dites pas, laissez lui formuler lui-même ce dont vous avez discuté) puis encouragez-le! Mettez-vous a coté de lui, « combien de cuillères est-tu capable de manger? », «je sais que tu es capable de manger» « puis je t’aider? ». Il est important de se tenir à ce que vous avez décidé. Vous l’avez décidé ensemble, le cadre était posé, reste à le respecter!

J’ai peut être pris en exemple un légume un peu « extrême », le chou de Bruxelles… Alors pour s’encourager et encourager l’enfant peut être vaut il mieux commencer par des légumes « simples » : des carottes par exemple et au fur et à mesure diversifier! Bref au début un petit objectif pour avoir des résultats rapides et encourager tout le monde!

Un autre truc : impliquer l’enfant en allant avec lui choisir des légumes: la balade à Jean Talon vaut le coup non? Et l’impliquer aussi dans la préparation du repas: éplucher ou couper, appuyer sur le bouton du mixeur, surveiller l’eau…


4) Quand un enfant fait une crise pour avoir une sucrerie par exemple, peut-on appliquer une technique de discipline positive?


On ne va pas parler de technique mais peut être de recherche de solutions !

Mais oui bien sur !

On va s’appuyer sur le cadre puis sur la bienveillance pour respecter le cadre. Dès 4-5 ans on peut expliquer quand on peut ou pas manger des bonbons, la fréquence. Si l’enfant vous demande une sucrerie alors que ce n’est pas le moment (une heure avant le repas par exemple ou juste après s’être brossé les dents), demandez à l’enfant ce qu’on avait décidé et l’accompagner de façon bienveillante si une crise commence. Tout en restant ferme: « Tu pourras manger ta sucette demain après la collation: voudras- tu que je t’y fasse penser? ». « On va bientôt souper, je suis sûre que tu vas réussir à patienter » …

Pour éviter les crises… Ne pas acheter de bonbons!

Si la crise survient dans le magasin, proposer une alternative (une petite tomate?), expliquer, consoler et valider ce que ressent l’enfant : « Tu as très envie de ce paquet des bonbons? Ils sont trop bons ces bonbons? Tu es triste que je n’en achète pas? Je suis sûre que tu en auras plein pour l’Halloween »..Bref intéressez-vous à lui, à son désir… Plus on ignore, plus la crise risque d’être forte!

A propos de l’Halloween et de la gestion des bonbons c’est une excellente occasion de se poser et discuter avec l’enfant!

5) Je m’adresse maintenant à la maman. Tu as 4 enfants donc 4 boîtes à lunch à préparer tous les jours. Comment fais-tu? prends-tu en considération les goûts de chacun? quand les prépares-tu, la veille, le matin?


5 boîtes à préparer plus des petits restes pour moi!

Non, je ne prends pas en compte les goûts de chacun: ce serait impossible à gérer!  j’ai de la chance ils mangent de tout. En revanche si les boîtes à lunch reviennent pleines après un essai de plat, je n’en refais pas!

Je les prépare la veille et fais réchauffer le matin avant de tout mettre dans les thermos. Je cuisine de temps en temps le dimanche pour la semaine mais en tous cas le lundi tous les menus sont faits pour la semaine: lunch et souper, histoire de ne pas y penser dès le réveil!

6) Quelle est la boîte à lunch préférée de la famille? le best-off? peux-tu nous partager la recette?


Les spaghettis bolognaise (sauce faite maison) et les lasagnes font l’unanimité. Sinon une recette ultra rapide que tout le monde apprécie beaucoup: Filet mignon de porc au pesto accompagné de riz.

La recette est ultra compliquée (clin d’oeil!): Mettre un filet mignon entier dans un grand plat, le badigeonner de pesto vert, disperser des tomates cerise coupées en deux dans le plat et enfourner jusqu’à cuisson de la viande! Un régal!

Merci Isabelle.

Merci à toi!

Isabelle, spécialiste en discipline positive, répond à Super Boîte à Lunch

Isabelle habite actuellement Montréal et donne des ateliers de discipline positive aux parents. Elle peut vous proposer 7 ateliers de 2 heures traitant des thèmes variés comme la fratrie, découvrir les alternatives à la punition, gérer une crise, comment comprendre les besoins de son enfant, l’écoute active pour communiquer avec bienveillance, faire respecter les règles… Ce sont des ateliers pratiques pour repartir avec pleins d’outils à appliquer chez vous!

Si cela vous intéresse vous pouvez la contacter au 514 404 7563 ou isabelle@disciplinepositive.ca

 

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